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LA SITUATION

Mathéo perd le service de gardiennage, répit et accompagnement offert par le CLSC auquel il avait accès depuis deux ans parce que le CLSC considère que son père, nouvellement arrivé au Québec, est en mesure de s'en occuper puisqu'il est à la maison et qu'il est son père. Si Mathéo était un enfant neurotypique, ce serait peut-être vrai, mais ce n'est pas le cas.  

L'arrivée de papa Facil allait être un événement heureux. Elle engendrerait une période d'adaptation mais, en bout de ligne,  ce serait pour le mieux. Pour Mathéo, les liens de sang, l'autorité, la hiérarchie, l'âge n'inspirent pas la même chose que pour les  autres enfants. Donc, ce n'est pas parce que Facil est son père que le match est nécessairement parfait et que Mathéo lui obéira. Mathéo et son papa doivent apprendre à se connaître et à travailler ensemble, consolider leur lien affectif et créer un lien de confiance. Cela demande du temps. On ne rattrape pas le temps avec un enfant comme Mathéo de la même manière qu'on pourrait espérer le faire avec un enfant neurotypique. Aussi grande la joie que Mathéo ait pû ressentir parce  que son père s'installe chez lui, l'événement a quand même créé une perturbation dans sa routine, dans sa stabilité. La stabilité, tous les enfants en ont besoin, mais chez les enfants comme Mathéo, ça se manifeste différemment.

Papa est arrivé le 12 mars, le 13 mars on annonçait la fermeture des écoles. La routine de Mathéo était foutue. Oui papa était à la maison, mais c'était beaucoup trop d'excitation pour que ce soit aidant à cet instant. Aujourd'hui encore, la poussière n'est pas complètement retombée. 
 

En novembre, on annonce à Annick que le précieux service offert par le CLSC dont elle dispose pour son fils depuis deux ans sera coupé parce qu'on considère que son mari est en mesure de s'occuper de leur fils étant donné qu'il est à la maison. Toute la semaine, avec ou sans Annick, Facil s'occupe de Mathéo au meilleur de ses capacités. Au fil du temps, il fait des apprentissages, le lien se tisse. Annick et lui ont quand même besoin du répis que procure le service du CLSC la fin de semaine mais, avant tout, Mathéo a besoin de conserver cet élément de routine, de stabilité, dans le tourbillon des derniers mois.

La famillle de Mathéo n'a pas les moyens financiers de s'offrir le même service, ni même la moitié. Malgré tout, chacun y mets du sien. Pal, la personne qui accompagne Mathéo depuis deux ans, a expliqué, sans donner tous les détails, à Mathéo qu'ils ne se verraient plus les deux jours de la fin de semaine, mais bien un seul et qu'il se pourrait que ça devienne moins ou que ça redevienne comme avant.  Pour le moment, Pal fait du bénévolat un jour par weekend pour assurer une simili continuité en attendant de voir ce qui arrivera. Dans le meilleur des cas, les amis du weekend recommenceront à se voir chaque fin de semaine comme avant, dans le pire des cas, la coupure aura été graduelle et moins dommageable. 

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